Histoire de la rumba flamenca

11. Rumba Taleguera – la bande-son du Cine Quinqui

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La Rumba Taleguera, bande sonore du cinéma quinqui des années 1980

La disparition de la censure permet au cinéma d’aborder des questions sociales dérangeantes, comme la nouvelle délinquance et l’explosion du trafic de drogue. Un genre éphémère est né, le cine Quinqui inspiré du drame d’une jeunesse sacrifiée, les Quinquis dont la violence avait été exploitée politiquement par le régime franquiste. Les jeunes acteurs sont recrutés dans les cités les plus pauvres de Madrid, parmi les vrais délinquants. Les films d’Eloy de la Iglesia sont un succès populaire. En 1981, le réalisateur Carlos Saura reprend le thème pour réaliser Deprisa, DeprisaVivre vite ! – qui remporte l’Ours d’or à Berlin la même année. Le genre a eu une forte influence sur le cinéma d’Almodovar, bien qu’il l’ait dépouillé de sa dimension sociale pour n’en garder que l’esthétique.

Eloy de la Iglesia – « Navajeros »
Rumba Tres – « Y no te quedan lagrimas »

Si le cinéma quinqui s’est essoufflé vers 1987, l’esprit quinqui est resté vivant en Espagne, toujours porté par la musique qui est devenue sa signature sonore : la rumba vallecana (ou rumba taleguera) jouée par des groupes gitans comme Los Chunguitos, Los Chichos, Las Grecas, Los Chorbos, Toni el Gitano, ou Rumba Tres.

Ils marqueront également l’apparition d’une alternative « flamenco garage rock » en France, qui donnera naissance à Mano Negra, un groupe franco-espagnol phare de la fin des années 80 et des années 90 qui aura un impact majeur sur la jeune génération de musiciens gitans et la scène rumba fusion des années 2000.

Mythique scène finale du film Deprisa, Deprisa, de Carlos Saura – 1981
Los Chunguitos – « Me quedo contigo »

El Coleta, figure de proue du rap espagnol, se définit comme un rappeur quinqui. Protagoniste principal du docudrame « Quinqui Stars » , réalisé en 2018, il en a également composé la bande-son, d’inspiration rumba.

Grand connaisseur de la scène taleguera, Manu Chao fera de la reprise de « Me quedo contigo » de Los Chunguitos un de ses plus grands succès.

Manu Chao
reprise de – « Me quedo contigo »
Los Chunguitos
« Soy un perro callejero »
Los Chichos
« Yo vivo navegando »
Los Chorbos
« Pueblo Gitano »
Toni el Gitano
« No quiero barrotes no »

Dans les années 1990, toujours snobée par la gauche intellectuelle espagnole, la rumba a néanmoins réussi à conserver et à accroître son audience populaire. En 1991, dans les rues de Barcelone, les musiciens de rue font partie du quotidien. Les sœurs Salazar d’Azucar Moreno sont incontournables, des artistes comme Manzanita, ancien chanteur de Los Chorbos, et Ketama connaissent un grand succès.

Azucar Moreno
« Rumba, Rumba »
Manzanita
« Gitana »
Ketama
« No estamos lokos »
Documentaire de 1991
Rumba a Barcelona

AU PROCHAIN CHAPITRE :

Alors que les Gitans de Madrid rallient les classes populaires espagnoles autour de leur musique, le monde entier va bientôt découvrir la rumba catalane, grâce aux Jeux olympiques de Barcelone. En France, les Gipsy Kings sont enfin prêts à prendre le monde d’assaut.