Histoire de la rumba flamenca

4. La musique catalano-andalouse fusionne avec la Rhumba, les rythmes cubains et portoricains

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La musique catalano-andalouse fusionne avec la Rhumba, les rythmes cubains et portoricains

Un coup de génie transforme la musique gitane en un genre musical populaire.

Précisons que la rumba gitane ou catalane n’a rien à voir avec la rumba cubaine. Il s’agissait alors d’une étiquette commode, toute musique dansante et provenant d’Amérique latine était souvent étiquetée « rumba ». Un peu comme le terme « salsa » aujourd’hui, qui, au-delà du genre musical né à New York dans les années 1960, est devenu un concept commercial facile à assimiler pour un public néophyte.

Dans le contexte de l’époque, cependant, le choix du nom rumba était pertinent, dans le sens où il facilitait par analogie la popularité d’un nouveau genre qui a généré – et continue de générer – de nombreuses pépites musicales. La rhumba du Catalan Xavier Cugat avait montré la voie. La recette fonctionnera encore une fois, le « H » en moins. (Bien qu’un premier album vinyle de Peret, l’un des fondateurs du genre, s’appelle « Gipsy Rhumba » – 1969).

Le genre de la rumba gitane moderne est donc basé sur une fusion de chants catalano-andalous avec des éléments rythmiques tirés des plus grands succès de Xavier Cugat ainsi que de la musique cubaine et portoricaine de l’époque, librement inspirés de leurs motifs son, mambo, cha cha chà, guaracha, bomba, etc, et oui, la rumba « moderne », en effet. La rumba catalane l’a simplifiée davantage, en évoluant dans un rythme à 4 temps et un rythme irrégulier (accent à contretemps entre les temps 2 et 3) qui lui donne une sensation de balancement propice à la danse.

Cela peut sembler moins romantique qu’une fabuleuse rencontre entre le noble art du flamenco et la puissance brute des rythmes afro-cubains authentiques, mais Peret lui-même disait que ses influences étaient Elvis Presley, Perez Prado et Xavier Cugat.

L’appelation »catalane » a été ajoutée par Gato Perez dans la seconde moitié des années 1970.

« El Ventilador », la sauce secrète de la rumba catalane

Afin de reproduire les rythmes cubains et portoricains en vogue, les gitans catalans espagnols, sous l’impulsion de Peret et d’Antonio González « El Pescaílla » en particulier, ont perfectionné une technique de jeu de la main drite, affinant les mouvements rythmiques jusqu’à atteindre des sommets de virtuosité syncopée, connue sous le nom du fameux « ventilador ».

La main droite balaie les cordes et produit un rythme proche de l’effet du güiro cubain, tout en combinant frappes et claques sur la caisse de résonance de la guitare. Le mouvement fait de l’air, un peu comme lorsqu’on chasse une mouche de la main.

Ce rythme irrésistiblement dansant est la marque de fabrique de la rumba gitane/catalane. Le compas est souvent désigné comme la technique de la main droite. Il en existe de nombreux styles, comme le compas camarguais. Le compas étant le rythme avant tout, il s’agit de la structure rythmique de base des genres flamenco.

Peret & Antonio González El Pescailla
« Una Lagrima »
Metzuca présente le contraventilador !

A cet égard, il faut rappeler que des techniques de jeu rythmique et percussif similaires étaient déjà bien développées chez les Gitans du sud de la France, mais décriées par les Gitans andalous comme n’étant pas dans la pure tradition flamenca. Les Gitans catalans espagnols, proches de leurs cousins français, en ont compris tout l’intérêt.

Sur le plan instrumental, une rumba catalane typique est accompagnée par la guitare, à laquelle s’ajoutent souvent des palmas (battements de mains) et des percussions – bongos, congas, petites percussions – et parfois du piano, des instruments à vent, une basse électrique, des claviers.

Démonstration : de Puerto Rico à Barcelone

Version originale : Cortijo y su Combo, Ismael Rivera – El Negro Bembón , 1959
C’est un mélange de bomba et de plena portoricaines, avec une touche de mambo cubain.
Version rumba gitane : Peret – El Gitano Anton, 1968
Rumba : deux syllabes familières, synonymes de fête et de danse (l’étiquette » catalane » viendra plus tard). Pas besoin d’explications, le résultat est plutôt sympa.

AU PROCHAIN CHAPITRE :

Les pionniers de la rumba catalane deviennent des stars de la chanson. Devant le vif succès, de nombreux artistes leur emboitent le pas. Le genre commence déjà à se diversifier.