Histoire de la rumba flamenca

16. Situation paradoxale à Barcelone, la rumba dans l’impasse

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À Barcelone, la Rumba catalane n’est plus guère programmée sur les scènes de la ville

Les musiciens se débrouillent en jouant dans des congrès, des conférences ou pour les touristes débarquant des bateaux de croisière.

En Espagne, il y a quelques années, la gauche a discrètement fait son mea culpa. Les grands groupes gitans des années 1970 et 1980, tels que Los Chichos et Los Chunguitos, sont désormais considérés comme des classiques du patrimoine culturel espagnol.

À Barcelone, cependant, la rumba catalane traditionnelle n’est pratiquement plus programmée sur les scènes de la ville. Ailleurs en Espagne, la situation n’est pas plus réjouissante, notamment en raison des tensions politiques entre la Catalogne et le reste de l’Espagne. « L’étiquette « catalane » nous a fermé beaucoup de portes« , dit Jonatan Giménez, du groupe Arrels de Gracià, « mais ici, c’est encore plus incompréhensible » .

Les musiciens se débrouillent en jouant dans des congrès, des conférences ou pour les touristes débarquant des bateaux de croisière.

Cette situation est déprimante pour certains musiciens, même si elle leur permet d’en vivre correctement, la demande ne faiblissant pas. L’activité est très lucrative pour les sociétés organisatrices : dans le monde entier, Barcelone est associée à la rumba, les groupes gitans sont très demandés.

Bien sûr, il ne s’agit pas de concerts mais de spectacles de divertissement – qui ne durent parfois que 20 minutes – et le programme est établi par les organisateurs, qui privilégient le répertoire des Gipsy Kings. « Dans 80 ou 90% des événements, c’est ce qu’ils nous demandent » , explique Jonatan Giménez. » En fait, le répertoire est presque toujours le même : « Sarandonga », « Una lágrima », « La noche del hawaiano », « Caramelos », « Borriquito », « Volare », « Bamboleo »… «

Rafalito Salazar, fondateur du groupe Ai Ai Ai se souvient de ses débuts dans le circuit. « Ce jour-là, quand j’ai vu que je devais jouer le ‘Porompopero’, j’ai voulu mourir » , avoue-t-il. « Après, on s’habitue, je n’y vais plus en tant qu’artiste mais en tant que prestataire » .

Si les touristes sont convaincus que la musique la plus typique de Barcelone est la rumba catalane, peu de Barcelonais sont désormais en mesure l’affirmer car, depuis quelques années, il leur est quasiment impossible de l’entendre sur scène.

Sources : El Periodico de Barcelona, Ara.cat

AU CHAPITRE SUIVANT :

La France est l’autre patrie de la rumba catalane. La situation est bien différente pour les Gitanos français qui, contrairement à leurs cousins espagnols catalans, n’ont jamais exploré le genre de la variété, ont toujours gardé le cap. La tradition reste forte, et de nombreux nouveaux artistes et groupes sont en plein essor.